Il s’avance, il parle. Il déroule les événements qui l’ont mené à franchir l’irréparable. Ce n’est pas le point de non-retour qu’il évoque, mais un paysage d’effondrements successifs : la promesse d’un chantier jamais livré, la perte du bateau, le chômage, les humiliations, les silences. Ce qu’il dit n’excuse rien, mais permet de comprendre. Et très vite, le procès devient autre chose : une mise en lumière crue où la justice vacille face au réel. Que juge-t-on, vraiment ? L’acte ou le contexte ? L’individu ou la mécanique sociale qui l’écrase ? Emmanuel Noblet, déjà salué pour Réparer les vivants, retrouve ici une matière brute et dense. Le texte de Tanguy Viel, ciselé et implacable, se mue en monologue – mais pas plaidoirie. Il y a dans ce récit une tension qui ne faiblit jamais, un rythme intérieur, presque musical, où le trouble ne cesse de monter. La scénographie est maîtrisée, la lumière sans détour, l’adresse directe. C’est le théâtre dans ce qu’il a de plus simple, de plus nu, de plus fort : une silhouette, une voix, et l’irréductible complexité du monde. Un spectacle magistral, qui nous laisse avec cette question vertigineuse : que ferions-nous, nous, juré·es ordinaires, face à cette histoire ?

Tarif: B

Emmanuel Noblet se forme au Conservatoire de Rouen et à l'Académie du CDN de Limoges en 2001, après des études de droit public. Son parcours pluridisciplinaire l'amène à être régisseur, éclairagiste, collaborateur artistique et assistant de metteurs en scène, tant au théâtre qu'au cinéma. Sur les planches, il interprète des œuvres de Shakespeare, Molière, Marivaux, Lagarce ou Mouawad sous la direction de Catherine Hiegel, Simon Delétang et Christophe Rauck, entre autres. Parallèlement, il apparaît dans plusieurs productions télévisuelles dont les séries SCALP (Canal+) et L'art du crime (France 2). En 2017, son adaptation du roman Réparer les vivants de Maylis de Kerangal remporte le Prix Beaumarchais du Meilleur spectacle du Théâtre Public et lui vaut le Molière du Seul-en-scène. Il met en scène plusieurs spectacles musicaux dont Et vivre était sublime (Prix du public Avignon OFF 2015). Passionné par l'adaptation littéraire, il travaille sur des œuvres de Mathias Enard, Fabrice Caro, Laurent Chalumeau et Giulia Foïs. Son adaptation d'Article 353 du Code Pénal de Tanguy Viel est l'aboutissement d'un désir né en 2017.

La presse en parle

Ce spectacle saisissant convoque, à peine terminé, l’envie de le revoir !

Roman de : Tanguy Viel 

Adaptation & mise en scène : Emmanuel Noblet 

Avec : Vincent Garanger, Emmanuel Noblet 

Scénographie : Alain Lagarde 

Création lumière : Vyara Stefanova 

Création sonore : Sébastien Trouvé 

Vidéo : Pierre Martin-Oriol 

Costumes : Noé Quilichini 

Administration & diffusion : Compagnie à l’Envi - Agnès Carré 

Production : Cie Les choses de la Vie

Roman publié aux Éditions de Minuit (2017) 

Création : 15 octobre 2024 

Coproduction : Cie À l’Envi ; Théâtre Durance, Scène Nationale de Château-Arnoux-St-Auban ; Théâtre du Rond-Point, Paris ; Théâtre Montansier, Versailles ; L’Éclat, Pont-Audemer ; L’Estive – Scène Nationale de Foix et de l’Ariège ; Théâtre des Célestins, Lyon ; la C.R.E.A - Coopérative de Résidence pour les Ecritures, les Auteurs et les Autrices - Mont-Saint-Michel-Normandie 

Visuels © Jean‑Louis Fernandez