Après ses spectacles autour d’Anna Akhmatova, Virginia Woolf et Monique Wittig, Isabelle Lafon s’attaque à un autre monstre sacré de la littérature, dont l’œuvre et les prises de positions marquèrent le débat sociétal de son époque.
La metteuse en scène et comédienne se garde bien d’incarner Marguerite Duras, tant son image sur pellicule et sa voix habitent l’imaginaire collectif. Elle ne l’approche ni par le discours ni par l’écrit mais par ses rencontres, dans les années 1960, avec des anonymes. Strip-teaseuse, ouvrier, enfants de la DDASS, serveuse à la cafétéria de la mine, lycéenne… l’écrivaine leur a tous lu des poèmes d’Henri Michaux ou d’Aimé Césaire. À partir d’archives et de véritables entretiens, trois interprètes complices en diable racontent, avec une finesse non dénuée d’humour, la curiosité sans bornes et l’empathie d’une femme pour qui écrire était tout. Se dessine le subtil et touchant portrait en creux d’une grande questionneuse, disparue en 1996.

Tarif: C

Photo : © Marie Clauzade

Formée aux ateliers de Madeleine Marion, Isabelle Lafon a joué dernièrement dans Mort prématurée d’un chanteur solitaire dans la force de l’âge de Wajdi Mouawad. Précédemment elle a travaillé sous la direction de Marie Piemontese, Chantal Morel, Guy-Pierre Couleau, Alain Ollivier, Thierry Bédard, Daniel Mesguich, Michel Cerda ainsi que Gilles Blanchard.

D’après Marguerite Duras. Mise en scène : Isabelle Lafon

Avec : Pierre-Félix Gravière, Johanna Korthals Altes, Isabelle Lafon et Margo

Lumière : Laurent Schneegans

Assistante à la mise en scène : Jézabel d’Alexis

Administration : Daniel Schémann

Tournées : Lison Bellanger – Epoc Productions

Diffusion et direction de production : Emmanuelle Ossena – Epoc Productions

Loin d’édifier un mausolée où se dessécherait le spectre de Duras, les trois acteurs amis se laissent porter par la vivante qu’elle fût, c’est-à-dire ses humeurs bonnes ou mauvaises, son humour, ses caprices, ses certitudes politiques ou ses légendaires excès.

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