D’un côté, il y a Harrison Kennedy – descendant d’esclaves enfuis des plantations sudistes – avec sa guitare, son banjo, ses mandolines, ses cuillers et sa voix de soul-man. Après avoir collaboré avec Stevie Wonder ou George Harrison, le voici aux cotés de l’harmoniciste Jean-Jacques Milteau – deux Victoires de la Musique au compteur – et du violoncelliste Vincent Segal, explorateur musical passé par tous les territoires en compagnie de Sting, Cesaria Evora ou Ballaké Sissoko. Avec leur premier album, les trois complices sont remontés jusqu’aux sources d’un blues épuré, en évitant tous les bancs de nostalgie. En concert, ils réinventent, dans un dialogue de chaque instant, une musique authentique et émouvante qui, depuis ses origines, transpire la sueur, la colère et l’aspiration au bonheur.

Tarif: B

À l’examen de son parcours atypique, on pourrait croire Harrison Kennedy désireux de brouiller les pistes. En commençant par sa nationalité canadienne, que cet Afro-Américain doit à des aïeux enfuis des plantations sudistes où ils étaient esclaves. De cet héritage, Harrison a conservé un respect profond des racines du Mississippi et du Tennessee, qu’il a su faire fructifier avec originalité. Aujourd’hui reconnu comme l’un des représentants les plus authentiques de la note bleue, le titulaire du Grand Prix Blues de l’Académie Charles Cros 2015 s’est fait connaître à l’heure de gloire de la musique soul. Après des débuts remarqués au sein de l’écurie Motown (on peut entendre son harmonica sur le légendaire « What’s Going On » de Marvin Gaye), il a longtemps offert sa voix aux Chairmen of the  Board, partageant les plus grandes scènes de la planète avec Stevie Wonder, George Harrison, ou encore Tom Jones.

On ne présente plus Jean-Jacques Milteau, maître ès-harmonica considéré comme l’un des artistes français les plus ouverts au blues, dont les récents dialogues avec Eric Bibb autour du patrimoine du vieux songster Lead Belly ont fait l’unanimité. Auparavant, ce titulaire de deux Victoires de la Musique avait invité à le rejoindre, en studio et sur scène, des artistes aussi prestigieux que les bluesmen Little Milton, Mighty Mo Rodgers et Sam McClain, les poètes Gil Scott-Heron et Terry Callier, la rockeuse Michelle Shocked, la diva R’n’B N’Dambi…

Vincent Segal, titulaire d’un nombre impressionnant de Victoires de la Musique, tout en animant depuis deux décennies le duo Bumcello avec Cyril Atef, il a entraîné son violoncelle sur tous les territoires : jazz (Julien Lourau, Ibrahim Maalouf), funk (Chuck Brown), hip-hop (Oxmo Puccino), rock (Sting, Elvis Costello, Bashung, Thiéfaine), musique contemporaine (Ensemble intercontemporain), world (Papa Wemba, Cesaria Evora, Nana Vasconcelos) et chanson (M, Carla Bruni, Thomas Fersen, Claire Diterzi), sans oublier la « musique de chambre » africaine que subliment ses duos avec Ballaké Sissoko.

Chant, guitare, banjo : Harrison Kennedy

Harmonicas : Jean-Jacques Milteau 

Violoncelle : Vincent Ségal


© Thomas Dorn

La presse en parle

Un harmonica vibrant, un violoncelle ici palpitant, là poignant et partout des cordes sensibles, qu’elles soient vocales ou instrumentales.