Entre ses collaborations avec David Byrne, Miley Cyrus ou Jessye Norman, ses albums folk, ses incursions dans l’opéra et la comédie musicale, Rufus Wainwright a tout exploré. Depuis trente ans, ce créateur canado-américain trace un parcours singulier, flamboyant et d’une grande sensibilité. À l’occasion d’une tournée acoustique, il revient à l’essentiel : la voix, le piano, la guitare. Une mise à nu qui révèle toute la finesse d’une écriture saluée par Elton John comme celle du « plus grand songwriter au monde ». Dans ce format minimaliste, ses ballades prennent un relief nouveau. L’une d’elles, Going to a Town, chanson contestataire écrite sous l’ère Bush, résonne aujourd’hui avec une acuité saisissante. À Montbéliard, sa venue est un événement. Le musicien aux multiples métamorphoses se livre ici dans un écrin intime, loin des grandes scènes qu’il fréquente habituellement. L’occasion unique de redécouvrir la puissance émotionnelle de ses mélodies et l’amplitude expressive de son timbre, lyrique et brut, capable de passer d’un murmure à une déflagration. Le temps d’un soir, c’est tout un pan de l’histoire musicale nord-américaine qui se donne à entendre, entre héritage et liberté. Dans la lignée de Leonard Cohen, Joni Mitchell ou Jeff Buckley, Rufus Wainwright fait partie de ces artistes à part qui offrent, dans un monde saturé de bruit, le luxe d’un silence habité – et la grâce d’un moment vrai.

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