C’est d’abord un silence, puis un vertige. Une vibration s’élève, incandescente. Helena Ros et Marta Torrella explorent ce que le souffle peut contenir de réminiscence, de mystère, de pulsation. Elles modulent à l’unisson ou en contrepoint, glissent dans les harmonies séculaires, traversent les polyphonies du bassin méditerranéen, la poésie catalane, le flamenco, les lamentations géorgiennes, ou les œuvres mystiques d’Hildegarde von Bingen. Plutôt qu’un projet de tradition, Tarta Relena est un laboratoire furieusement libre. Leurs timbres, portés par des nappes électroniques ciselées, ouvrent un espace d’écoute fascinant : ni pop, ni sacré, ni savant – et tout cela à la fois. Elles entremêlent le grec, le latin, l’espagnol, le catalan… et l’on comprend sans comprendre. Chaque morceau (rarement plus de trois minutes) se déploie comme une incantation dense et aiguisée. Elles revendiquent malicieusement l’invention d’un “chant grégorien progressif” – un oxymore qui dit tout. Leur dernier album, És Pregunta (C’est une question), poursuit cette quête sonore sans époque, enraciné et mutant. Une forme vocale qui défie le temps, les langues, les catégories. Sur scène, c’est une traversée intime. Deux présences presque immobiles, et pourtant tout tremble autour. Un trouble paisible, comme si le temps s’était déplacé…

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